Drôle de semaine qui s'achève.
Je travaille sur des sujets qui me passionnent. J'ai rencontré un lobbyiste, des éditeurs, des militants, un universitaire, une ostéopathe – pour des articles différents, rassurez-vous. Je travaille sur le plan d'un livre dont l'éditrice potentielle me dit qu'elle le trouve "très intéressant". Je réseaute, je déjeune, je cafète, je propose, je contacte, je vends. Bref, je pige.
Mon banquier m'écrit une lettre comminatoire. L'Assedic ne peut plus rien pour moi. Le loyer est vraiment trop cher. Les sous qui rentrent ne comblent même plus le gouffre. Hier, j'ai postulé pour une place dans un magazine professionnel sur l'industrie chimique. Vous mesurez l'étendue de la catastrophe, là… Mais j'ai brûlé toutes mes réserves. Il n'y a plus tellement le choix.
C'est terrible, de ne pas pouvoir gagner sa vie avec son travail. Pourtant, je n'en manque pas, de travail, je ne fais que ça, je ne pense qu'à ça, je n'arrête jamais et parfois, je maudis les week-ends qui m'empêchent de continuer à bosser. C'est devenu une obsession. J'en suis au stade où j'ai quelque chose à prouver et si ça ne marche pas, c'est de ma faute. J'en connais plein, des pigistes qui s'en sortent, alors pourquoi pas moi ? Pourquoi est-ce que moi, je ne sors pas la tête de l'eau ? Pourquoi cet épouvantable sentiment d'échec personnel ?
J'ai lu cet été "Les intellos précaires" d'Anne et Marine Rambach. Ça ne va pas te rassurer... mais par contre, tu n'es pas la seule... Cruel d'aimer son métier mais de ne pas pouvoir en vivre... Je travaille dans le socio-culturel en Belgique, à mi-temps, poste subsidié, salaire de misère, je vis dans une piaule d'étudiant, loyer "honnête" mais une cuisine-salle-de-bain. (Je passe mes journées à faire des recherches sur les femmes et l'emploi, à étudier mon cas quoi... Hin hin. *grincements de dents*)
Rédigé par : Marie | 29 janvier 2010 à 15:43
Tu as un statut où le décalage entre le moment où on travaille et les rentrées d'argent est très important. Un statut où on est seul. Pas facile. Tu as plein de choses en route. Essaie de tenir encore pour en récolter les fruits…
Rédigé par : karmara | 29 janvier 2010 à 16:34
Et oui, bien sûr, mille pensées pour respirer un bon coup, malgré les embûches... J'espère que ton projet de livre verra le jour !!!
Rédigé par : Marie | 29 janvier 2010 à 19:23
Il commençait si bien, ce post, et il finit si sombrement... Je me sens révoltée à sa lecture, c'est vraiment tellement injuste, et absurde, cette situation.
Gageons que ce n'est qu'une mauvaise passe et qu'avec le printemps refleurira ton compte en banque !
En attendant je t'embrasse.
Rédigé par : Milky | 29 janvier 2010 à 21:31
J'espère que tu vas y arriver!
Rédigé par : Ori | 29 janvier 2010 à 23:44
Je crois aussi qu'il y a le problème d'être sous-payées dans ce qu'on fait. La pige y ajoutant une part de précarité et l'irrégularité dans les revenus.
Quand j'étais ingénieure et qu'on était donc à deux avec donc deux salaires de cadre, + les enfants petits : frais de garde pour eux + tous les impôts et charges peu compressibles (eau-gaz-électricité) + les remboursements pour l'appartement (ce qui revenait à un loyer), on bossait à s'épuiser et on ne s'en sortait pas.
Et pourtant c'était des jobs où on était censés bien gagner notre vie.
Un bref moment de mieux a été quand : plus de frais de garde ou seulement du baby-sitting entre heure de fin d'école et heure de retour du travail à payer.
Avec une amie qui bossait comme moi, situation équivalente (deux salaires, un ou deux enfants), on se disait à un moment qu'on avait l'impression comme si nos comptes étaient ponctionnés par un tiers. On ne s'achetait rien pour nous, on ne voyageait pas ou très peu (à l'époque je me rationnais en bouquins) et l'argent filait à peine arrivé.
On dirait qu'il y a comme une sorte de barrière invisible à franchir, en deça de laquelle tu bosses pour la gloire et au delà de laquelle la moindre prestation fait rentrer de la thune.
Bon, je me dis que ce que j'écris n'aide sans doute pas.
Rédigé par : gilda | 30 janvier 2010 à 10:26
Tu as tout mon soutien et tiens, je t'embrasse aussi.
Rédigé par : couac | 31 janvier 2010 à 14:48
Oh ça me file un coup ton histoire, ça m'énerve, ça me révolte, ça me rend triste...
J'espère que quelque chose de bon va t'arriver très vite, et qu'au moins, si tu dois trouver un poste fixe, ce soit dans un domaine qui te plaît.
J'en entends tellement des histoires comme ça en ce moment... et j'évite aussi de trop regarder ce que j'ai dans mon ânier, parce que ça commence à sentir un peu le sapin aussi...
Bon courage, vraiment, et hauts les coeurs !! Je crois quand même à la bonne étoile qu'on a tous...
Rédigé par : mariaba | 01 février 2010 à 13:58
mon ânier est en fait mon panier...
Rédigé par : mariaba | 01 février 2010 à 13:58
J'ai plusieurs copines dans ton cas, dont une de 50 ans passés qui a encore deux grandes filles étudiantes à la maison et ses piges sont son seul revenu. Je comprends que ça te désole de ne pas pouvoir vivre de ce que tu aimes faire. Courage, ne baisse pas les bras. Je suis peut-être une incorrigible optimiste mais je me dis que bientôt nous ne serons plus très nombreux à savoir écrire le français correctement et qu'on se rappellera alors à notre bon souvenir ...
Rédigé par : La petite poule noire | 01 février 2010 à 16:29
Moi aussi, je suis de tout coeur avec toi. J'espère que ça va s'arranger pour toi.
Bon courage.
Rédigé par : Eva | 01 février 2010 à 22:39
Je me sens comme toi, je bosse, je bosse, et il ne semble pas y avoir de correlation entre le nombre d'heures passées à travailler et la somme d'argent qui rentre sur mon compte en banque. J'en suis à me demander ce que je pourrais faire pour ajouter du beurre dans les épinards (j'ai horreur du beurre comme des épinards, alors disons du parmesan sur les pâtes): des cours particuliers? Des traductions? Oui mais quand? Arrêter de dormir, peut-être?
Ce n'est pas toi, ce n'est pas ton échec. C'est un système un peu aberrant qui reconnaît et valorise le travail de certains, et pas d'autres. Mais garde courage, je suis sûre que tu finiras par y arriver. Il s'agit de tenir le coup jusque la...
Rédigé par : Lola | 04 février 2010 à 05:04
Avant tout je pense que c'est parce que dans le système il y a des boulots qui no sont pas vraiment valorisés - artistes visuel, écrivains, acteurs... ce n'est pas ton échec. Il y a autant de gens qui veulent réussir donc il y a une compétition féroce. Et comme c'est une système commercial on ne paye bien que les gens au sommet. Et on pense dans un façon commercial = malheureusement, très souvent, ce n'est pas le meilleurs qui sont appréciés par la majorité du peuple.
Moi, je ne fait que bosser (l'art) tout le temps - et je ne pense qu'à bosser, et je ne parle que de ça...
(excuse moi pour mon français horrible ... mais ça fait longtemps que je n'ai pas parler français ... et puis j'entends trop d'espagnoles et je mélange tout))
Rédigé par : alexandra hedberg | 04 février 2010 à 22:08
Pas tout à fait à voir et quand même un peu : je viens de finir "Hard Times, histoires orales de la grande Dépression" de Studs Terkel ; eh bien à l'époque, malgré les banques folles (comme les vaches folles, faudrait les envoyer à l'abattoir), malgré les années de sécheresse, malgré tout ça, c'est fou le nombre de gens qui avaient un sentiment d'échec personnel face à leur incapacité à gagner de quoi nourrir leur famille... Alors que clairement, ils n'étaient pas en cause, eux individuellement.
Rédigé par : Milky | 05 février 2010 à 16:02
Sur la pointe des pieds, prendre de tes nouvelles...
PS : Le livre "Les intellos précaires" est sorti en poche. Juste parce que ça m'a remué ta dernière phrase...
Rédigé par : Marie | 11 février 2010 à 09:17
Je ne te connais que par ce blog mais j'aime bien te suivre. Je suis aussi travailleuse précaire et la vie n'est pas toujours facile, le prix est cher à payer pour faire ce qu'on aime. J'espère que ça va, que Février est plus souriant, il ne faut pas désespérer, il y a des périodes sans et un jour, ça s'éclaircit. Je l'ai vécu, des mois sans réponses à mes projets et un jour, des contacts et des choses qui démarrent. Donne de tes nouvelles.
Rédigé par : radzimire | 12 février 2010 à 16:15
déjà 15 jours depuis ce billet ! ça va mieux ?
Rédigé par : Bérangère | 12 février 2010 à 18:09
Oulala, que je comprends ce billet ! Et je compatis et comme d'autres, je te répète que ce n'est ta faute...
Rédigé par : my18stripes | 14 juin 2010 à 14:09