Ce soir, j'ai un petit test de suédois. Ma vie n'en dépend pas et j'essaie de rester relax mais je n'y arrive pas. Polarde un jour, polarde toujours, je me retrouve à potasser tous les soirs, à apprendre des listes de vocabulaire – je suis rétive à tous les mots de l'informatique et à ceux du ménage, ça alors –, à conjuguer des verbes à tous les temps et à me poser des colles : avec un pronom démonstratif, on utilise la forme définie ou indéfinie ? Et avec le possessif ? Le problème étant que je n'ai jamais su, même en français, ce qu'était un démonstratif. Bien sûr, j'ai appris des règles mais je les ai oubliées aussitôt. Si mon orthographe et ma grammaire sont corrects, c'est avant tout grâce à la lecture intensive et à une bonne mémoire visuelle. Je sais qu'en suédois, ce sera pareil et que mon salut passera par la lecture. Alors je lis.
J'aime les cours pour tout un tas de raisons et notamment parce que, pour une fois, je n'ai qu'à m'asseoir, sortir mon cahier et mon stylo et faire ce qu'on me dit. Ce que je ne fais jamais ni dans ma vie professionnelle ni dans ma vie personnelle, tout simplement parce que je ne peux pas. Il faut avoir des idées, prendre des initiatives, faire des propositions, faire le show, bouger, avancer et faire en sorte que tout le monde avance à peu près au même rythme. Là, ça ne dépend pas de moi et c'est infiniment reposant.
Parfois, je me sens redevenir enfant. Six ans, à peu près. "Oh, la maîtresse, comme elle est belle ! Comme elle est bien habillée ! J'ai envie de lui faire plaisir, je vais bien travailler !" J'ai 40 ans, j'apprends pour moi, je le sais, mais de temps en temps, je sens en moi un mouvement très ancien, très ancré : aimez-moi.